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L’agglomération d’Oisseau-le-Petit (Sarthe) Version imprimable


J.-D. Desforges
Archéologue, chercheur associé du CRAHAM Centre Michel de Boüard UMR 6273 (CNRS/UCBN),
Centre Allonnais de Prospection et de Recherches Archéologiques,
Centre d'Etudes et de Ressources Archéologiques du Maine

Bientôt 180 ans de recherches

La mention d’un site à Oisseau-le-Petit émerge brutalement dans les années 1830 lors des enquêtes préalables au  projet du Dictionnaire Topographique, Historique et Statistique de la Sarthe de J.-R. Pesche. On parle alors d’une « station » romaine, en bordure de la voie Alençon - Le Mans. Cette publication de 1836 est la première à mentionner, décrire et inventorier des vestiges à Oisseau. Très rapidement, plusieurs curieux viennent glaner à Oisseau des objets antiques, voire se livrer à des fouilles comme l’abbé Chorin, qui explore en 1840-42 plusieurs secteurs ou Delasalle qui, à la même période, dégage les thermes au sud de l’agglomération.

L’existence d’un important site à Oisseau est reprise et exploitée régulièrement dans des ouvrages s’intéressant à l’histoire départementale jusqu’en 1887 lorsque François Liger y entreprend plusieurs nouveaux travaux de sondages et de fouilles. A partir d’une approche globale du site, il en propose une cartographie en deux ans d’étude, de 1891-1892. Dès lors, une parure monumentale est identifiée et l’étendue du site se précise : un temple à l’ouest, les thermes puis des « habitations particulières » « dans la partie la plus compacte de l’agglomération », un théâtre au nord dont des murs sont à cette époque encore en élévation, une tuilerie antique et un secteur qui pourrait être celui du forum. A proximité de l’agglomération, il dégage également « un très grand édifice », qui se révèle être une villa.

Après une longue interruption, les observations reprennent avec assiduité : de 1961 à 1973, J. Rousseau est régulièrement présent à Oisseau pour collecter de nouvelles informations et augmenter la carte archéologique de la commune. Il suit notamment les travaux agricoles (introduction de la culture du maïs), la construction de maisons ou des réfections de voirie.

Avec les premiers survols aériens de François Ribemont en 1972, puis ceux où il est accompagné de Claude Lambert en 1976, lors de la sécheresse, les monuments mentionnés au XIXe siècle sont validés et plus précisément localisés. La carte du site se précise et s’étend avec un réel dynamisme jusqu’en 1984 grâce aux observations de P. Térouanne, R. Boissel, Th. Mercier, R. Verdier, R. Véron, Th. Churin. J. Meisonnier et J. Rioufreyt. Le mobilier des collections anciennes est par ailleurs inventorié. Les éléments sont à nouveau réunis pour reprendre l’idée d’un vaste site qui pourrait être un conciliabulum ou une agglomération secondaire. 

A la fin de la décennie 1970, un projet de voie expresse, augurant l’A28, est envisagée à l’ouest du bourg d’Oisseau. Cl. Lambert et J. Rioufreyt mobilisent la population et les pouvoirs publics. De 1984 à 1992, une série de fouilles estivales  débute sur le fanum des Busses. En 1989, face aux résultats obtenus depuis alors une trentaine d’années, la Direction des Antiquités Historiques des Pays de la Loire, en accord avec la commune, constitue une réserve archéologique.

Grâce à ce nouveau statut, les opérations archéologiques deviennent systématiques sur la commune. Entre 1992 et 2004, quelques diagnostics archéologiques permettent la libération de terrain en bordure du secteur mis en réserve. En 2006, l’INRAP réalise une fouille préventive sur une surface de 300 m² face au cimetière permettant de découvrir des habitats laténiens et antiques.

En 2010, dans le cadre de recherches sur l’origine du réseau urbain dans la frange méridionale de la Normandie (Université de Caen Basse-Normandie), et au terme du Programme Commun de Recherches sur les agglomérations secondaires antiques dans l’Ouest de la France, dirigé par Martial Monteil (Université de Nantes Pays de la Loire), une nouvelle synthèse et des problématiques renouvelées sur le site d’Oisseau peuvent être proposées.